Agnès ROSSE
Être derrière la vitre
10 février – 16 avril 2023
Comment s’appelle l’exposition ?
Être derrière la vitre. Je voulais un titre qui soit autant les œuvres que ceux ou celles qui les regardent. Sur le papier, le mot Être est un verbe à l’infinitif alors que oralement, il peut aussi devenir des êtres vivants.
Qui est derrière la vitre ?
À la fois les neuf portraits et nous-mêmes, les spectateurs.
Ces neuf portraits sont les portraits de qui ?
Ils partent tous du même motif, celui d’un autoportrait et ensuite, visages et vêtements sont déclinés par masques, par mystères.
Ils constituent une foule ?
Un début de foule silencieuse, sans bouche ni nez.
Ils ont des yeux.
La majorité des papiers sont découpés à l’endroit des yeux pour laisser passer la lumière. Ainsi les expressions s’animent au passage des passants la nuit, le jour.
La présence de leurs yeux joue un rôle important ?
Oui c’est ce qui nous réunit, nous, les mammifères. J’avais intitulé une précédente série de collages sur verre « Les bouches d’ombre ». Aujourd’hui, il s’agit davantage des yeux d’ombre.
Ces portraits paraissent avoir un air de famille.
C’est vrai, ils constituent une famille de la même énergie. Ils sont nés en même temps, tous au mois de janvier dernier issus des mêmes tubes et bombes de peintures.
A.R.
Agnès Rosse est née à Paris. Elle vit et travaille à Sète et partout où elle se trouve.
Diplômée des Arts décoratifs de Strasbourg avec les félicitations en 1996, elle gagne le concours de poésie de la Ratp à Paris en 1998. Son poème est édité dans le métro ‘’Quand j’étais petite je ne voulais jamais me tuer le lundi parce que j’avais cheval le mercredi‘’. L’année suivante, dans une caserne à Paris, elle s’installe debout en sapeur pompière sur un camion de pompiers rempli d’allumettes géantes produites à l’usine. La photographie agrandie en 4x3m est exposée à la station de métro Château d’eau. A partir des années 2000, Agnès Rosse travaille en voyage. Elle fait des allumettes uniques dans les usines des pays étrangers à partir d’une récolte locale en bois et en carton sérigraphié qu’elle trouve sur les marchés (France 1998, Argentine 1999, Vietnam 2001, Maroc 2006)En 2000, elle lance une souscription intitulée ‘’Laissez la faire’’ pour financer un séjour artistique au Vietnam. 46 personnes y souscrivent. Elle revient 4 mois plus tard avec une pièce unique pour chaque souscripteur. En 2001, elle participe à la première caravane à dos d’éléphants au Laos, organisée par l’Ong Eléfantasia. Commence alors une longue et profonde inspiration pour les éléphants et les grands mammifères terrestres. Plusieurs résidences s’organisent pour aller les observer dans tous leurs états. (Zoos, ménagerie, bâtiment des éléphants évacué de Vincennes avant rénovation, jungle, hangar de taxidermie, laboratoire d’anatomie comparée, brousse tigrée, bibliothèques…) Elle filme la captivité à travers les barreaux, dessine sur les traces laissées dans les murs, suit le cornac dans la jungle, moule un crâne et un cou de girafe et commence à écrire son aventure sur la planète mamelles.
Agnès Rosse expose en France et là où elle séjourne.
Cité des sciences et de l’industrie (1998, 2000, 2012), La source du lion à Casablanca (2007), Institut français de Saint Louis du Sénégal (2015), Centre de conservation de l’éléphant au Laos (2012, 2016), Musée de la chasse et de la nature (2016). Elle intervient régulièrement depuis 2002 en collèges ou lycées, dans les écoles des Beaux-arts et en 2016, auprès de détenus du Centre pénitentiaire de Béziers. Cette année-là, elle est lauréate du programme Hors les murs de l’IF en littérature. Elle intègre de plus en plus l’écriture dans son travail artistique.