Frédéric DUMOND
Anti-Idiome
Octobre à décembre 2014 saison 5
Anti-idiome est un moment de « glossolalie », un projet que Frédéric Dumond mène depuis 2011 qui consiste à écrire un poème qui traverse l’ensemble des 7000 langues de la planète : Langues vivantes et langues mortes, mais hors les langues dominantes comme l’anglais par exemple.
La glossolalie est le « parler en langues ». Dans la Bible cela définit la manière dont les apôtres s’adressaient à chacun, dans sa langue, ce qui a été compris comme s’ils parlaient dans toutes les langues et cela définit un symptôme caractéristique des schizophrènes (notamment), qui inventent une langue, ou transforment leur langue maternelle en un autre langage.
En prenant ce terme comme titre pour l’ensemble de son projet, Frédéric Dumond intègre ces sens du mot — comme peut en témoigner d’une certaine manière la pièce qu’il présente aujourd’hui à la V.r.a.c — tout en lui donnant une dimension plastique, en le déplaçant dans le champ de l’écriture en écrivant un seul poème fragment par fragment, il travaille une forme aux dimensions multiples, une forme sans fin, en perpétuel mouvement : le poème d’il y a quelques mois n’est pas celui d’aujourd’hui ; la glossolalie d’il y a quelques mois n’intégrait pas encore anti-idiome. Un idiome est la langue parlée par une personne. Chacun d’entre nous parle son propre idiome, qui est fait de la langue commune (maternelle) et de la manière dont chacun la comprend, l’invente, la parle. La langue est ainsi autant un moyen de se comprendre que de ne pas se comprendre : « comment saurais-je si ce que je comprends de ce que vous me dites est exactement ce que vous me dites ? » Anti-idiome, comme une partie de « glossolalie », ça n’est pas nier la nécessité de l’idiome, c’est imaginer la langue non pas comme une frontière — l’irréductible frontière ? — mais réunir des langues, y compris mon propre idiome, pour créer une forme ensemble, une forme d’être ensemble.
Extrait vidéo du vernissage
